FESPACO 2023 : Ashkal de Youssef Chebbi remporte l’Etalon d’or de Yennenga

Les rideaux sont retombés sur la 28e édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (FESPACO) qui a eu lieu du 25 février au 4 mars 2023 sous le thème « Cinémas d’Afrique et culture de la paix ».

Rêver, sourire, frissonner, avoir par moment les yeux embués de larmes, c’est le pari que le chorégraphe Serge Aimé Coulibaly, du haut de ses 30 ans d’expérience, a relevé lors des cérémonies d’ouverture et de clôture du FESPACO. En effet, son spectacle « I have a dream » dégageait beaucoup d’émotions à travers ces prestations artistiques mettant en scène des danseurs professionnels, parfois des enfants représentant l’avenir, l’innocence et des acteurs en tenue militaire, symbole de patriotisme et de combat face à l’hydre terroriste. Un moment d’évasion donc dans l’univers de l’espoir, de la résilience et de la paix.

C’est d’ailleurs ce message que le Pays des intègres voulait lancer au monde entier en organisant cette édition dont le thème était « Cinémas d’Afrique et culture de la paix », une thématique qui a été développée au cours de l’évènement.

Selon Evariste Combary, directeur des chaînes thématiques de la RTB (Radiotélévision du Burkina), le 7e art peut contribuer à inculquer la paix, dans un monde où la violence prend de plus en plus de l’ampleur. « La tenue de ce festival est le signe que les Burkinabè ne baissent pas les bras et que les balles ne sifflent pas continuellement au-dessus de nos têtes », dixit le journaliste culturel.

Pour cette 28e édition, c’est le Tunisien Youssef Chebbi qui a remporté l’Etalon d’or de Yennenga avec son film Ashkal qui signifie forme, motif.  « Agé de 67 ans, un gardien d’un immeuble en chantier est retrouvé calciné. Les policiers tentent de découvrir les raisons qui ont conduit l’homme à s’immoler ». Tel est le synopsis de ce long métrage de fiction qui repartira avec la somme de 20 millions de francs CFA. Une belle moisson pour la Tunisie qui a raflé cinq trophées environ (meilleure interprétation féminine, meilleure interprétation masculine, meilleur son, le poulain d’or dans la catégorie films documentaires court métrage).

L’étalon d’argent de Yennenga, composé d’un trophée et de la somme de 10 millions de francs CFA est allé à Apolline Traoré, réalisatrice et productrice burkinabè. Nombreux sont ceux qui voulaient que son film « Sira », qui traite un sujet d’actualité au Burkina Faso à savoir le terrorisme, remporte le premier prix. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que le public s’est mobilisé au ciné Neerwaya et au ciné Burkina, respectivement le 28 février et le 1er mars 2023 pour le découvrir. Mais quelques rares personnes pourront se targuer d’avoir atteint leur objectif étant donné que les deux salles de projection étaient pleines à craquer.

L’Etalon de bronze (5 millions F CFA) est allé à Shimoni d’Angela Wamai du Kenya.

Selon le délégué général du festival, Alex Moussa Sawadogo, cette 28e édition c’est plus de 10 000 accrédités, une cinquantaine de pays avec le Mali comme invité d’honneur, 1200 films visionnés dont 170 officiellement sélectionnés et reparties en 12 sections, 365 séances de projections dans 9 salles et 36 séances de projection hors de Ouagadougou notamment à Kaya, une ville où l’insécurité est assez importante avec de nombreux déplacés internes. C’est aussi plus de 218 000 000 francs CFA distribués au titre du palmarès officiel et des prix spéciaux.

Selon Evariste Combary, certains pays comme la Guadeloupe et la Martinique ont pris part à la biennale, d’autres comme le Nigéria ont signé leur retour. Président de la commission cérémonie et animation, il a rappelé que le FESPACO est un rendez-vous important qui permet aux cinéastes de se mesurer et de faire vivre la production cinématographique ainsi que les salles de projection dont certaines étaient fermées jusqu’à l’édition de 2021. Pour lui, c’est l’un des défis à relever, les autres étant le financement et la survie même du festival. « Le Burkina doit mettre les moyens s’il veut remporter une fois de plus l’Etalon d’or de Yennenga après Idrissa Ouédraogo en 1991 et Gaston Kaboré en 1997 », a-t-il indiqué.

Le FESPACO, c’est aussi les rues marchandes, les arts plastiques, la musique, etc. En effet, après les salles de projections, les plateaux permettent aux festivaliers de se retrouver autour d’un pot pour échanger et découvrir le potentiel musical du pays. Et ce n’est pas Joey le soldat qui dira le contraire. Rappeur burkinabè, il a presté  sur le plateau live de l’avenue Kwame Nkrumah, l’un des deux sites aménagés  cette année. Il s’agit du carrefour se trouvant entre le spendid hôtel et le restaurant le Cappuccino où le terrorisme avait frappé le Burkina pour la première fois. « J’étais heureux de voir autant de monde, venant d’horizons divers, réuni 0000sur place malgré le contexte sécuritaire. C’est de la résistance, c’est positif », a soutenu l’artiste qui a 4 albums à son actif.

Zalissa Soré

Journaliste et Directrice marketing et communication de Ouagadougou